Le Balloir est un terme d'origine germanique (BALWERC) qui désigne les terre-pleins qui longent les remparts...
Le Balloir c'est aussi un projet à Liège qui aujourd'hui accueille dans un même espace des personnes âgées, des mamans en situation de difficulté et leurs enfants, des jeunes en difficulté temporaire..
Le bâtiment actuel fut construit au 16è sc. et remanié au cours du 17e,18e et 19e sc.
Historique:
En 1698,un abbé séculier de Visé et archidiacre d'Ardenne , nommé Jean-Ernest, baron Surlet de Chokier, institua l'hospice sainte-Barbe des filles soumises. Les "pauvres filles" y étaient envoyées par leur famille ou par la Ville qui en demandait la détention. Les conditions de vie n'étaient pas faciles. L'hospice ne reçoit jamais de revenus suffisants.
L'hospice est géré selon un hôpital général. On y héberge pêle-mêle des filles perdues, mendiantes, vagabondes, "frénétiques", insensées, folles... Les qualificatifs varient mais il s'agit toujours de femmes que l'autorité ne souhaitait pas voir traîner librement dans les rues. En 1770, on pouvait compter 140 pensionnaires.
Lors de la révolution, les émeutiers s'en prennent à tous les établisements d'enfermement et l'hospice subit de graves dégradations. Mais le bâtiment résiste et après de nombreuses péripéties, il trouve la vocation qu'il aura jusqu'au 20è sc., à savoir un orphelinat pour jeunes filles . Les "insensées" (les folles) étant dorénavant abritées au Vertbois. La gestion fut d'abord assurée par une directrice laïque, puis, en 1850, alors qu'on y trouvait 150 orphelines, la commission des hospices le confia aux soeurs de Saint-Charles car "il était dans une situation morale et matérielle déplorable". Cependant, en 1872, c'est le retour du personnel laïc, afin de mieux répondre aux exigences d'une éducation non religieuse. Les deux guerres lui donnérent des affectations diverses: hôpital et prison.
Bien des années plus tard, en 1986, la Ville , propriétaire du site , décide de
vendre et "La Maisons Heureuse", oeuvre fondée par l'abbé Emile Gerratz, en fait acquisition.
En 1989, les bâtiments rénovés sont d'abord destinés à accueillir des enfants placés suite à une décision judiciaire. En 1995, l'architecte Charles Vandenhove acheva de réaliser la restauration de l'ancien hospice Sainte-Barbe, la réhabilitation de l'église néo-gothique de 1858 et la création de chambres et d'espaces communautaires pour 55 pensionnaires, à la demande de l'abbé Gerratz le fondateur de la Maison Heureuse à Liege.
L'architecte avait été également chargé de la construction d'une tour octogonale de logements dans le parc, de l'aménagement du parc et de la place sur laquelle s'ouvre l'entrée principale. Ce site fut baptisé 'Le Balloir'.
Lors de ma visite j'ai été assez impressionnée par l'oeuvre monumentale de 200m² que l'artiste français Jean-Pierre Pincemin a réalisée en 1995 à la demande de l'architecte
Charles Vandenhove. Elle couvre toute la surface du plafond voûté du restaurant du Balloir. Intitulée "la Création" (Pincemin l'appelait par ailleurs "ma chapelle Sixtine"), l'oeuvre constitue une représentation des épisodes de la genèse en six bandeaux. Chacun d'eux correspond à un jour de la semaine. Le septième, celui du repos dominical, n'est pas représenté.
Au Balloir, les jours se suivent et ne se ressemblent pas : ni pour ces papys et mamys qui gardent les tout-petits, qui conduisent les plus grands à l'école, qui suivent des formations de conteurs ou qui épluchent les légumes avec les jeunes mamans; ni pour ces jeunes femmes qui , dans un climat de sécurité affective et matérielle, se reconstruisent un projet, apprennent un métier et se rendent utiles à la collectivité, en entretenant et réparant les vêtements par exemple. C'est aussi un lieu où, chaque année, des étudiants de chez nous effectuent des stages riches en expériences humaines et sociales.
Dommage que lors de la visite l'accent était plutôt mis sur la valorisation de la maison de repos et non sur le côté historique et architecturale du bâtiment. Mais je trouve que c'est un très bel exemple d'échange intergénérationel.
Emy Docquier 3C
Bonjour,
RépondreSupprimerJe me suis permis de mettre un lien vers votre blog, dans un article que je consacre à Jean-Pierre Pincemin.
Cordialement